Ou comment un pays ou un territoire qui entr’ouvre sa porte au nucléaire signe sa dépendance à une industrie sale et dangereuse pour l’éternité.
Les déboires s’accumulent pour le nucléaire dans le monde et en France : incidents -voire accidents- à répétition, faillite de l’EPR et d’Astrid, gabegie financière… Comme le dit avec beaucoup d’humour le physicien antinucléaire Bernard Laponche : le nucléaire, c’est le moyen le plus compliqué et le plus cher de faire bouillir l’eau chaude !
Qu’à cela ne tienne, notre gouvernement, comme les précédents, garde vaillamment le cap du tout nucléaire et de l’enfouissement des déchets radioactifs de haute et moyenne acticité à vie longue à Bure. Et peu importe le lourd tribut que paient déjà nos territoires au tout puissant nucléaire. Il suffit pour s’en convaincre de voir comment le projet Cigéo amène dans son sillage depuis 2009 des satellites nucléaires plus ou moins gros et dangereux. Je n’en citerai que 2 mais ils sont de taille : SOCODEI à Saint Dizier (52), filiale à 100% d’EDF, en service depuis 2017, base de maintenance « chaude (entendez : radioactive !) de pièces contaminées en provenance des centrales nucléaires ; et le projet UNITECH de laverie nucléaire à Suzannecourt, près de Joinville (52) qui accueillerait 1000 tonnes de linge contaminé en provenance de toute l’Europe. Ces temps-ci, nous aurions pu nous réjouir avec les opposants à la centrale de Fessenheim de la fermeture d’un premier réacteur vieillissant et de la fermeture en juin prochain du second. Que nenni ! les Alsaciens vont se voir gratifier d’un technocentre de traitement des éléments métalliques radioactifs venant de toutes les centrales nucléaires d’Europe. Ben voyons !
Alors que penser de la décision prise par le gouvernement et l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) suite au débat public sur le Plan National de Gestion des matières et Déchets radioactifs (PNGMDR) ?
Si on peut constater un changement de ton -moins péremptoire- et l’ouverture à une gouvernance améliorée et aux solutions alternatives de gestion des différents types de déchets -du moins en théorie- l’essentiel n’y est pas, malgré la convergence des avis exprimés dans et hors débat.
La production nucléaire n’est pas remise en question malgré ses déchets ingérables, pas plus que les projets contestés que sont l’enfouissements des déchets nucléaires à Bure et la piscine centralisée près de la centrale nucléaire de Belleville sur Loire. Aucune avancée non plus sur l’arrêt du retraitement -pourtant coûteux et extrêmement polluant- à la Hague et sur les tonnes de plutonium accumulées, ou sur la dissémination des déchets très faiblement actifs dans les biens de consommation. Cigéo est conforté alors qu’il n’est pas faisable techniquement et à un coût supportable pour la collectivité. Tout le monde ou presque en convient, hormis ceux qui comptent envers et contre tout sur le plus gros chantier BTP européen du siècle. Le gouvernement serait bien avisé d’arrêter cette folie avant d’engloutir 7 milliards € dans la construction des installations de surface et une partie des installations souterraines nécessaires à la phase pilote, au détriment de la recherche d’autres solutions. D’autant qu’il est totalement inadmissible dans un pays démocratique de voir la force publique imposer un projet dont personne ne souhaite in fine voir la réalisation, pas même ceux qui parfois en sont à l’origine. Pour nous, la lutte continue…
Pour en savoir plus
Burestop55 : burestop.eu
Coordination Stopcigeo : stopcigeo-bure.eu
Réseau Sortir du nucléaire : sortirdunucleaire.org
Décision suite au débat public PNGMDR : sortirdunucleaire.org/Gestions-des-matieres-et-dechets-radioactifs-une
CRIIRad : criirad.org/Dechets-radioactifs/som-dechets-radioactifs.html
Global Chance : global-chance.org/DECHETS-NUCLEAIRES-QU-EN-FAIRE
Projet de technocentre à Fessenheim : stop-fessenheim.org?p=676
Disponible à MNE : brochure 2020 actualisée sur l’éthique du projet d’enfouissement (3€).
Communiqué de presse inter associatif, suite à l’enquête de Reporterre et Médiapart : mirabel-lne.asso.fr/node/1701. Bure : Mettons fin à l’enquête pour « association de malfaiteurs » et aux contrôles judiciaires !